Rénovation de Berthe : où en est-on ?

Publié le par psvarouest

berthe12.jpgDix-huit mois après la signature de la convention signée entre la Ville de La Seyne et l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine, Marc Vuillemot s'est adressé au Maire pour qu'un point d'étape soit présenté au Conseil municipal. Sa lettre...

Monsieur le Maire,

Je me permets de livrer à votre réflexion quelques éléments relatifs au quartier Berthe et son évolution. Il serait sûrement utile, à quelques mois du terme de notre mandat, et près de deux ans après la signature de la convention de rénovation urbaine, que le Conseil municipal s’attache à dresser un premier point de la mise en oeuvre de ce dispositif.

Celui-ci est certes un outil permettant à la Ville de disposer de moyens significatifs. La Gauche Unie ne s’y est pas opposée formellement, d’autant qu’il reprend un certain nombre de grandes orientations du précédent dispositif du “Grand Projet de Ville” qu’elle avait antérieurement élaboré en parallèle au Plan de Redressement de notre office municipal d’HLM.

Les logements vraiment sociaux

Il apparaît toutefois que le rapport qui s’établira, après les opérations de démolitions et constructions, entre les logements “très sociaux”, tels que ceux qu’offre actuellement le patrimoine de notre office d’HLM, et les logements que Monsieur le Préfet du Var qualifie de “logements aidés”, c’est-à-dire pas forcément véritablement accessibles aux catégories sociales les plus en difficulté, sera en réelle défaveur des premiers par rapport à la situation présente.

La volonté de mixité sociale ne doit pas constituer un ralentissement de l’offre de logements pour nos concitoyens les plus modestes. Cette question est d’autant plus d’actualité que plusieurs des communes voisines de la nôtre préfèrent se voir imposer une “amende” que de prendre leur part dans la nécessaire solidarité qui devrait les conduire à accroître leur offre d’accueil de familles en difficulté d’accès au logement. D’autant que le législateur, en l’occurrence d’ailleurs les parlementaires de votre sensibilité, a largement minoré les contraintes que la loi “Solidarité et Renouvellement Urbain” initiale imposait aux maires qui s’autorisent à ne pas se mettre en conformité avec ce devoir solidaire.

L’accès au logement des plus faibles devient un exercice chaque jour plus difficile. Faute d’y parvenir, de plus en plus de familles s’installent dans de véritables taudis, notamment en notre centre ancien, faisant le bonheur de “marchands de sommeil” peu enclins à la solidarité humaine. Notre Conseil municipal doit savoir si les calendriers de réalisation des logements véritablement sociaux vont pouvoir être tenus et, si des difficultés avaient surgi ou devait survenir, quelles mesures vous comptez prendre pour ne pas réduire l’offre locative (ralentissement des démolitions ? réhabilitation du patrimoine actuel ? ...).

Les “plus” et les “moins” de la “résidentialisation” et du zonage UA

L’option de “résidentialisation” retenue pour la rénovation urbaine offrira probablement une possibilité de régulation des difficultés liées à la concentration de nombreux locataires telle que nous la connaissons dans les tours et les barres, en particulier pour la gestion des parties communes.

Cela sera vrai si un effort significatif est mené pour assurer, par la présence d’un nombre suffisant de gardiens d’immeubles formés et reconnus, une action pédagogique, de surveillance, voire de sanction, en direction des locataires les plus en difficulté d’insertion. On sait que, même dans la toute nouvelle petite résidence de l’avenue Maréchal Juin, des dégradations ont déjà eu lieu. Le Conseil municipal se doit d’être informé des mesures prises et envisagées pour aller dans le sens de la prévention des incivilités, déprédations, voire violences.

L’autre inquiétude qui résulte de la “résidentialisation” est à relier aux partis pris urbanistiques résultant du classement en zone UA de l’ensemble de la cité Berthe, pour les nouvelles constructions. Ces dernières peuvent désormais être réalisées en bordure des voiries, sur 100% de l’emprise foncière. On rompt ainsi avec la logique d'appropriation des sols qui avait présidé à la construction de toute l’ancienne ZUP, maintenant de grands espaces ouverts. Toutes les opérations touchant aux espaces extérieurs engagées depuis 1982 ont visé à maintenir et améliorer cette logique : espaces de stationnement, de détente et de convivialité, espaces verts, sécurité accrue par la réduction des largeurs des voiries, percements de voiries pour désenclaver des zones trop enfermées afin de faciliter les accès aux services de sécurité et éviter d’offrir trop d’endroits cachés où peuvent s’exercer des activités illicites. Toute la nouvelle logique risque, à nos yeux, de contrecarrer ces efforts antérieurs, notamment en matière de sécurité.

Elle participe également, à notre sens, à une rupture avec une dimension patrimoniale qui avait été conservée, maintenant de vastes espaces rappelant les anciennes terres agricoles du quartier Berthe, dont il reste quelques traces, notamment les haies de cyprès qui faisaient barrage aux vents dominants.

Cela nous semble regrettable et nous souhaiterions que le Conseil municipal soit également informé de votre point de vue sur cette question.

Les équipements publics

Nous avons déjà regretté qu’un programme plus ambitieux sur les équipements publics, facteurs de vie sociale, n’ait été intégré dans la convention ANRU. Nous avons également déploré que, s’agissant du groupe scolaire Giono-Malraux, une véritable reconstruction n’ait été envisagée, comme vous envisagez de l’engager pour d’autres groupes scolaires.

Se posent aujourd’hui d’autres questions sur lesquelles “la rumeur” ou des éléments indiqués par certains services nous amènent à nous interroger. Vous avez ainsi pris la décision de fermer le gymnase Cerdan, suite à des dégradations lourdes. La sécurité des usagers est en jeu et nous approuvons votre décision. Pour autant, un tel équipement sportif demeure absolument nécessaire au coeur du quartier, non seulement pour les usages scolaires, mais également pour une utilisation au cours des temps libres, dans le cadre d’un projet où il doit être possible de mobiliser des personnels de surveillance et d’animation. À l’identique, il a été évoqué la perspective de la transformation du terrain de football du quartier Berthe en espace vert. Il nous semble que, si cette perspective était avérée, ce serait là une véritable erreur, tant la pratique d’une activité sportive populaire comme le football participe, notamment pour nos jeunes, à la régulation du climat social, favorise la convivialité et le respect des autres, et prévient les déviances pouvant résulter de l’inactivité.

Nous sollicitons donc également de votre bienveillance une information sur ces points-là auprès du Conseil municipal.


Vous aurez noté que notre démarche s’inscrit dans une volonté de prendre part à l’analyse collective que notre Assemblée délibérante se doit d’avoir sur un sujet d’importance pour l’environnement urbain et social d’un quartier accueillant près du tiers de notre population.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma parfaite considération.

Marc Vuillemot
Président des élus socialistes de la Gauche Unie

Dans la presse (cliquez sur la vignette pour accéder à l'article)
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